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Nuage de l'Abime de l'Enfer
20 juillet 2007

Partie 3


Il nous faut remonter en période assyro-babylonienne, pour retrouver les fondements du mythe de la première femme, Lilith, cette mère obscure qui sous diverses apparences, plane à travers l’espace et les rêves des hommes, à la fois séductrice et envoûtante, vampire ou succube, mais toujours effrayante.

Dotée d’une imagerie très variée, ce qui nous éclaire sur la notoriété de son caractère de démon, c’est souvent sous les traits d’une superbe femme nue, parée d’une longue chevelure ondoyante, qu’elle est représentée, une vulve se dessine sur son front, ses jambes prennent la forme de serpents, et pour couronner sa majesté deux ailes lui confèrent un aspect prodigieux. Une autre image de Lilith, est celle d’une belle femme, coiffée d’une tiare, aux pieds et aux ailes d’oiseau rapace, elle est accompagnée d’une lionne et de chouettes.

Dans la magie gnostique, c’est vêtue de noir et assise sur un globe de même couleur, qu’elle représente une des configurations de la Déesse mère, celle là même qui préside aux plaisirs charnels. Ses qualités de déesse de l’amour et de la mort en on fait une divinité très conjurée dans la magie sexuelle.

De nombreuses incantations retrouvées dans de vieux ouvrages attestent de sa notoriété. Il est demeuré une invocation à Lilith, qui serait le texte délivré en 1592, par une entité inconnue, à Sir Edward Kelly, l’assistant de John Dee, celle-ci lui aurait été donnée lors d’une séance de vision astrale.

Le nom même de Lilith représenterait les ténèbres, l’obscurité : Leila ou Lavlah c’est la nuit, en conséquence le noir, pareillement à ces nombreuses Vierges Noires, parentes de Lilith, telles Isis, Kali, Sarah la noire, Marie l’Egyptienne, dont les lieux de cultes étaient souvent établis sur l’emplacement d’anciens sites initiatiques, nous retrouvons là, le lien qui unit les anciennes déesses de vie, de mort, de fécondité et de forces telluriques, bien antérieures au christianisme.

Il est vrai que le noir effraie, nous entrons dans le monde obscur, cependant, étudié sous un angle plus symbolique, nous devons admettre que le noir est indubitablement l’emblème d’une science secrète, la preuve en est que le noir est la couleur du Grand Œuvre alchimique (l’œuvre au noir représente la phase de séparation et de dissolution de la matière. Pour les alchimistes, ceci constitue la partie la plus délicate du Grand Œuvre « Elle symbolise les épreuves de l’esprit se libérant des préjugés ».

C’est avec Agrat, Mahalath et Naamah, que Lilith passe pour être une des mères des démons, elle serait entre autre dans une tradition la mère d’Ormuzd ou Hormiz, dans une autre légende, c’est Asmodée, Prince des Démons qui est son fils. Alors que Lilith n’est presque pas mentionnée dans la Bible, il nous faut consulter le Talmud et le Zohar, pour mieux connaître son histoire, elle apparaît alors sous la forme d’une créature démoniaque à visage de femme, dotée d’ailes et portant de longs cheveux. Ainsi la reconnaissent différents passages du Talmud qui parle d’ « un fœtus ailé comme Lilith », on dit encore d’une femme qu’ « elle laisse pousser ses cheveux comme Lilith ».

Dans tous les cas, elle est définie comme une créature essentiellement nocturne, c’est elle, également, que décrit le « Testament de Salomon », (ouvrage grec du IIIè siècle de notre ère, dérivé probablement d’un écrit ésotérique judéo-hellénique), elle y est définie comme errant à travers le monde et se présentant sous des dizaines de noms, pour rendre visite aux femmes en couche et s’efforcer d’étrangler leur enfant nouveau-né, ce sont par ailleurs ces deux atrocités qui lui valurent sa mauvaise réputation, il était de ce fait pratique courante de protéger les femmes en couche et les nouveau-nés par des amulettes qui fixées aux murs des chambres et au dessus des lits étaient sensées l’éloigner. Il était aussi d’usage jusqu’au XVIe siècle, en Europe centrale, d’éveiller les enfants qui souriaient dans leur sommeil : on craignait qu’ « ils ne jouent avec Lilith », celle-ci avait la réputation de les emporter avec elle dès qu’elle les avait séduit.

Nous retrouvons dans le Vendidâd (l’un des livres de Zoroastre), un passage qui serait considéré comme l’une des bases du mythe juif de Lilith : « l’homme qui se souille involontairement pendant la nuit, est censé avoir eu des relations avec une succube qui concevra de lui. A moins qu’il ne récite certaines formules à son réveil, l’enfant appartiendra aux démons ». Lilith préside également à l’acte sexuel et dirige les incubes et les succubes, pousse les femmes à jouir de leur corps, et leur donne passions et orgasmes érotiques.

Lilith la séductrice assaille également les hommes, qu’elle provoque à de maléfiques rapports. Voici un texte emprunté à Johann Jakob Schudt qui raconte en 1717 :
« Les Juifs de Francfort croient fermement que lorsque le sperme échappe à un homme, il formera de mauvais esprits avec l’aide de Mahalath et Lilith, mais qu’ils mourront en leurs temps. La semence que répand à terre la masturbation, féconde Lilith et lui engendre des fils ».
Les récits concernant ces créatures étaient très fréquents au Moyen-âge et à la Renaissance, et l’on estimait couramment que les tentations physiques et les satisfactions qu’elles offraient aux hommes imprudents entraînaient ceux-ci dans le monde obscur de la sorcellerie. Cette crainte des succubes a été omniprésente jusqu’au 20 è siècle, l’exemple le plus marquant étant sans aucun doute celui d’Huysmans, celui-ci était allongé sur son lit, il fut alors réveillé, victime d’un rêve érotique très intense, il eut juste le temps d’apercevoir un succube qui s’évanouissait dans les airs. Le désordre de ses draps, l’empreinte qui s’y dessinait, le convainquirent de la présence physique du démon qui avait passé la nuit à ses côtés.

Dans la démonologie occidentale, Lilith est la Reine des Striges, ces démones vampires, ailées, munies de serres de rapaces, qui attaquent les hommes et les détruisent après leur avoir procuré des plaisirs érotiques, au Moyen Age, l’image de la Strige était synonyme de Goule et de sorcière, celles-ci étaient accusées de faire disparaître les enfants et de les tuer dans le but d’utiliser leur chair et leur sang pour la confection de philtres et de maléfices. Néanmoins, la légende qui a engendré un véritable « mythe de Lilith » est la traduction d’un passage du livre kabbalistique nommé « L’Alphabet de ben Sirah », ouvrage datant du XIe siècle. Voici les éléments mythiques auxquels fait appel l’alphabet de ben Sirah (J. Bril) : « Les deux premiers partenaires humains furent Adam et Lilith, ils avaient été créés de manière à répondre à un désir manifeste du Créateur : il y aurait égalité de droits entre l’homme et la femme. La tradition talmudique affirme même qu’ils avaient été créés unis par le dos.

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